Compte rendu du séminaire de l’Association internatio-nale de signalisation maritime sur la navigation en Arctique

(Mars 2018)

L’Association internationale de signalisation maritime (AISM/IALA) a organisé un séminaire sur la navigation en Arctique les 9 et 10 novembre 2017, à son siège de Saint Germain en Laye. Ce séminaire a réuni 38 délégués représentant 8 pays et 6 organisations sœurs (voir leurs coordonnées dans le rapport de l’événement[1]). Il convient de noter l’absence de représentant français à ce séminaire. Le VAE Patrick Hébard a pu assister aux débats.

Le rôle de l’AISM est :

  • d’harmoniser les standards des systèmes d’aide à la navigation ;
  • de faciliter les déplacements sûrs et performants des navires ;
  • d’accroître la protection de l’environnement maritime.

Les aides à la navigation dans les régions polaires sont confrontées à plusieurs défis : un environnement dur et exigeant, des contraintes d’approvisionnement en énergie et des difficultés d’accès pour les installer et les entretenir. L’AISM va produire un Guide sur les services des aides à la navigation en régions polaires.

Le représentant du département russe d’hydrographie, Victor Shadurskii, a fait le point sur l’hydrographie en région arctique, les aides techniques à la radionavigation et leurs évolutions, l’état des aides à la navigation dans la zone russe – 2 080 fixes et 765 flottantes et les futurs développements prévus. Il a présenté les points de surveillance hydrographique de cette année et les routes recommandées. La Northern Sea Route Administration est l’institut responsable de la sécurité de la navigation dans l’arctique russe et coordonnera les autorisations de navigation, les équipements de navigation… Il a aussi donné des informations sur l’organisation du SAR et l’assistance de brise-glaces.

Le représentant des Coast Guard canadiens, Laurent Tardif, fait état de la forte augmentation du trafic dans une zone de navigation complexe loin des moyens de secours. Il a présenté la situation des aides à la navigation, le SAR, et a insisté sur la couverture des radiocommunications avec le VDES (VHF Data Exchange System).

Pour Matthew Williams de l’International Chamber of Shipping (ICS) et Frigg Jorgensen de l’Association of Artic Expedition Cruise Operators (site www.aeco.no), le trafic devrait continuer à augmenter en raison d’une part de l’exploitation des champs d’hydrocarbure en Arctique et de l’augmentation des croisières dans la région. Une vingtaine de nouveaux navires de croisière sont attendus dans la région dans les prochaines années.

Le Dr Mathias Jonas de l’International Hydrographic Organization (IHO) note l’extension des corridors navigables et la nécessité de disposer de cartes nautiques fiables. Toutefois vu les moyens disponibles et les conditions climatiques, la dimension des zones rend irréaliste une hydrographie complète de la région. Une analyse des risques a été conduite montrant que de vastes zones ne sont pas correctement reconnues pour le trafic actuel, rendant déjà risquée la navigation. L’usage de navires transitant équipés de Crowd-Sourced Bathymetry (CSB) va permettre d’améliorer la connaissance des voies utilisées.

Risto Lang de la Finish Transport Agency signale que les côtes de Finlande sont balisées par 25 000 aides à la navigation, difficiles à entretenir en raison des conditions pendant la période glaciaire. La Finlande a développé des bouées capables de supporter des conditions de glace. Par forte glaciation, ces bouées sont remplacées par des aides à la navigation virtuelles. Un système de contrôle à distance est le mieux adapté pour les bouées situées dans des endroits éloignés ou difficile d’accès.

Le représentant chinois, Peng Zhang, de la China Maritime Safety Administration a présenté la vision chinoise du trafic maritime en Arctique, son lien avec l’initiative OBOR en Arctique et les difficultés rencontrées.

Des présentations et des débats, il est possible de tirer six conclusions :

  1. Une approche harmonisée devrait être adoptée pour la signalisation des routes polaires et la fourniture de services numériques avec des normes communes, des services internet et d’autres moyens.
  2. IALA-NET est une plate-forme appropriée pour l’échange et le stockage de données historiques AIS pour l’analyse statistique et l’utilisation d’outils de gestion des risques.
  3. Étant donné que la connectivité est un facteur essentiel du développement dans l’Arctique, les limitations des infrastructures de communication continuent d’être un défi majeur.
  4. VDES-SAT pourrait fournir des Aides à la navigation (AtoN) virtuelles et d’autres services de navigation électronique dans l’Arctique. L’attribution de fréquences doit être soutenue à l’UIT.
  5. Une approche multi-système devrait être développée pour disposer d’un PNT (Positioning, Navigation and Timing) résilient, en utilisant un mélange de systèmes GNSS et terrestres et un récepteur multi-système.
  6. Il y a une pénurie importante de données d’études hydrographiques pour fournir un ensemble complet d’ENC (Electronic Navigational Charts) (simplifiées) pour les voyages dans l’Arctique. L’externalisation de la collecte des données hydrographiques peut apporter une contribution significative.

[1] Rapport complet de l’évènement : http://www.iala-aism.org/content/uploads/2017/11/Arctic-Seminar-report.pdf