Développement rédigé par Lola Menigaux. (Mars 2018)
L’idée d’un conflit armé dans l’Arctique, bien que non imminent, demeure une possibilité envisagée par les pays qui le constituent : cette problématique est peu abordée ouvertement, mais ressort à l’occasion de séminaires ou de discussions informelles. Cependant, du fait de la nature de cette région, un conflit grandissant aurait de grands risques de se produire à l’aide de technologies automatisées pour réduire l’utilisation d’hommes dans cet environnement hostile, auquel ils ne sont pas habitués et entraînés. Les forces armées restent très peu formées aux températures hivernales de l’Arctique, avec une obscurité constante, et des étendues de glace sans repère possible.
En effet, la majorité des pays avoisinant l’Arctique n’ont pas une forte population civile présente dans cette partie, et ne sont que très peu préparés à des missions dans ces conditions. Une prise de conscience de ces difficultés semble se faire, avec des exercices militaires en océan Arctique de plus en plus fréquents, mais la mobilisation d’une armée de Terre semble improbable.
Parmi les autres possibilités, la robotisation des moyens militaires (observation, protection de périmètre, engagement…), afin de limiter la présence humaine, semble se développer. Si cette problématique est déjà prise en compte dans les trois milieux et ne concerne pas uniquement l’Arctique, elle semble indispensable dans cette aire. Les conditions climatiques instables rendent complexes l’utilisation d’une armée aérienne en tout temps, et la présence de glace et d’icebergs rend l’utilisation de flottes maritimes impossible sans navires adaptés.
Dans l’idée donc d’une guerre robotisée et technologique, les problématiques de cyber sécurité entrent dans les considérations à prendre en compte pour limiter les failles des systèmes utilisés. L’utilisation de systèmes connectés ne fait qu’augmenter et ils sont soumis au piratage : au Danemark par exemple, les systèmes informatiques sont obsolètes mais onéreux à remplacer[1].
Cependant, la priorité reste à l’échelle des centres névralgiques des États et des armées, du fait de l’isolement des populations et des infrastructures arctiques pour chaque pays. Ainsi, une attaque sur des centres de décision, qui les isolerait du reste des troupes et de la population, peut atténuer la réponse et laisser le temps pour d’autres types d’attaques. La plupart des États peuvent pallier ce genre d’attaque rapidement et rétablir l’ordre, mais la particularité de l’Arctique est son isolement, son accès limité aux communications et l’interdépendance des États. Une population groenlandaise isolée par des failles dans la sécurité informatique ne peut pas se défendre seule par exemple. De plus, contrairement à un engagement de haute intensité, une guerre informatique ne nécessite qu’un investissement financier minime en comparaison. Cette dernière permet d’affaiblir à moindre coût, et de retarder les ripostes. En cas de scénario de guerre, un retard de riposte face à une avancée ennemie peut être critique sur des accès stratégiques comme la ligne Groenland – Islande – Grande-Bretagne.
La cybersécurité a donc un rôle de premier rempart. L’Arctique étant une région stratégique pour les grandes puissances qui l’entourent, l’avantage stratégique des technologies et des communications doit aussi être protégé. Il est facile de voir l’impact géopolitique que des failles de sécurité informatique peuvent avoir, même hors situation de guerre, comme par exemple avec l’affaire Snowden en 2013 ou bien Wikileaks en 2010.
[1] Conférence sur la Cyber Sécurité lors du Danish Atlantic Youth Seminar 2018.