Finlande

Place et capacités des forces armées dans la vision nationale de l’Arctique

La Finlande compte 5,5 millions d’habitants dont 250 000 au nord du cercle polaire. Le PIB s’élevait à 192,4 milliards d’euros en 2014¹Source OCDE.. Les difficultés économiques que le pays traverse, affectent le budget de la Défense qui est passé de 1,4% du PIB en 2006 à 1,34% en 2014 et 1,28% en 2015 à 2,65 milliards d’euros. C’est le budget le plus faible des pays nordiques.

Pour l’instant en dehors de l’OTAN, la Finlande conduit une politique active de participation de personnels militaires aux opérations de maintien de la paix, essentiellement dans le cadre des Nations Unies. La Finlande contribue activement depuis son adhésion à l’UE aux opérations de la politique de sécurité et de défense commune. Elle est aussi présente dans le cadre de l’OSCE (missions de terrain) et du Partenariat pour la paix de l’OTAN.

Les effectifs des armées s’élèvent à 25 550 personnels²AT 16 000 (dont 11 000 conscrits), Marine 3 800 (dont 1 800 conscrits), Air 2 750 (dont 750 conscrits), Garde-frontières 3 000., dont 13 550 conscrits qui effectuent un service de 6 à 12 mois. De plus, 35 000 réservistes actifs effectuent un mois d’entraînement par an, sur une réserve de 900 000 hommes mobilisables.

Figure n°1 : Principales bases militaires finlandaises

Armée de Terre

Elle se compose de :

• Un bataillon de Forces spéciales ;
• Deux brigades mécanisées ;
• Trois brigades Jaeger d’intervention rapide ;
• Cinq groupes de combat régionaux ;
• Un bataillon d’hélicoptères.

L’ensemble de ces unités contribue au Groupe de réaction rapide et dispose des unités de soutien suivantes :

• Un bataillon de Transmissions ;
• Deux bataillons de défense Sol/Air ;
• Un groupe de soutien au combat ;
• Un groupe de soutien logistique.

La mobilisation permet de créer de nombreuses unités supplémentaires :

• Neuf brigades Jaeger ;
• Deux brigades blindées ;
• Six brigades d’infanterie ;
• Une brigade d’artillerie ;
• Seize bataillons du Génie ;
• Trois à quatre bataillons de défense Sol/Air.

Au total, une centaine de bataillons d’infanterie viennent compléter le dispositif en cas de nécessité.

La Brigade de Laponie, spécialisée dans le combat en milieu polaire, est répartie entre Sodankylä et Rovaniemi. Elle est composée de 400 permanents et de 2 600 conscrits répartis entre un bataillon Jaeger à Sodankylä, comprenant une compagnie de commandement, une compagnie d’infan­terie, une compagnie de reconnaissance, une com­pagnie mortier et une compagnie logistique ; et un bataillon de Défense Sol/Air à Rovaniemi com­prenant une compagnie de soutien de la base aérienne, une compagnie d’infanterie et une batterie de défense Sol/Air. Le régiment de Forces spéciales (Utti Jaeger Regiment) dispose aussi de ces savoir-faire. Il est composé d’un bataillon de forces spéciales, du bataillon d’hélicoptères et d’une compagnie de soutien.

Figure n°2 : Les principaux équipements³Source : Confidence and Security Building Measures AEMI (01/01/2016).

Marine

La Marine est essentiellement chargée de la défense côtière. Elle se compose de huit patrouilleurs rapides lance-missiles et de bâtiments de guerre des mines (5 poseurs de mines et 13 chasseurs de mines). Une artillerie côtière, équipée de canons de 130mm, est répartie sur les différentes îles. L’état-major et les bâtiments sont basés à Turku et la Brigade côtière à Kirkkonummi. Une commande de 12 vedettes de transport rapide (25 soldats) a été lancée en 2012.

Trois navires anti-pollution assurent les missions de service public. La Finlande dispose également de 9 brise-glaces, dont un armé par la Marine. Ils ont pour mission de maintenir ouverts 20 des 60 ports commerciaux de la Finlande, pendant l’hiver. Leur moyenne d’âge est de 30 ans, mais la flotte se renouvelle avec le lancement, début 2016, du Polaris, un brise-glaces de 110 mètres de long.

Armée de l’Air

L’armée de l’Air est répartie entre deux grands com­mandements en Laponie et en Karelie. Chacun dispose de 31 chasseurs F18 C/D, basés à Rovaniemi et à Siilinjärvi.

La Garde frontalière dispose d’une dizaine d’hélicop­tères dont 3 Super Puma.

L’armée de l’Air finlandaise participe à de nombreux exercices nationaux ou multinationaux. En 2015 se sont ainsi succédé :

• Arctic Challenge regroupant les escadrons FIN/ NOR/SWE dans un exercice sans frontière du 22 mai au 5 juin ;
• Une campagne de tirs Air/Sol du 8 au 12 juin en Laponie ;
• Des exercices avec la RAF en juillet et août ;
• Un exercice en Finlande FIN/US du 28 août au 11 septembre ;
• L’exercice Baana-2015 du 14 au 26 septembre ;
• Un Livex-2015 du 5 au 9 octobre avec 800 personnels d’active et 1 500 réservistes.

Figure n°3 : Les principaux équipements

Les défis capacitaires

Les coupes budgétaires ont fragilisé le renouvellement des équipements de l’armée finlandaise. Si la solution du rachat des chars d’occasion aux Pays-Bas a permis de mettre à niveau l’un des équipements lourds de l’armée de Terre, les effectifs en personnels d’active restent sous-dimensionnés et sont essentiellement consacrés à la formation des conscrits et des réservistes. Il est donc difficile pour la Finlande de contribuer à des opérations à l’extérieur de son territoire au-delà de l’engagement d’un bataillon.

La Marine finlandaise reste cantonnée à la Baltique et à des missions de défense côtière. Elle ne dispose pas d’une composante sous-marine, ni d’une aéronavale. Le seul avion de patrouille maritime est mis en œuvre par l’armée de l’Air.

Le parc aérien de l’armée de l’Air est vieillissant. Le gouvernement finlandais a décidé le maintien en activité des Hawk jusqu’en 2030. Pour ce qui concerne le parc de F18, leur remplacement est envisagé après 2020. Un partenariat avec la Suède est envisagé pour bénéficier d’économies d’échelle et d’une com­munauté d’entraînement et logistique. Le choix du Grippen s’imposerait alors.

La Finlande et l’OTAN

La coopération de la Finlande avec l’OTAN s’appuie sur la politique de non-alignement militaire que le pays applique depuis longtemps, et sur un consensus politique national faiblement contesté, malgré la tension avec la Russie. La Finlande a rejoint le PPP en 1994. En 1996, elle met des troupes à la disposition de l’OTAN pour la Bosnie-Herzégovine et au Kosovo en 1999. Elle est devenue membre du Conseil de partenariat euro-atlantique en 1997. Participant à la FIAS en Afghanistan en 2002, elle maintient ses troupes lors du transfert de commandement à l’OTAN et contribue toujours à la formation de l’armée afghane avec 40 personnels. Elle organise et participe à plusieurs exercices OTAN : Uusimaa (2008), police du ciel en Baltique (2012), Steadfast Juncture et Cyber Coalition (2012), Steadfast Jazz (2013), Iceland Air Meet (2014) avec la Suède. Elle signe plusieurs accords techniques avec le NCIA et pour le soutien logistique des forces alliées sur son territoire. Début 2016, le Centre International des forces de Défense finlandais (FINCENT), basé à Helsinki, a été désigné coordinateur pour l’entraînement à la gestion de crises pour l’OTAN et les pays du partenariat. Ceci l’amène à coopérer avec l’ONU et l’UE.