ÉTATS‑UNIS
Pétrole et ressources minières : avis contrastés chez les autochtones malgré les retombées économiques
Le débat autour des mesures à prendre pour limiter les effets du réchauffement climatique et la volonté d’une des 13 sociétés régionales de continuer à miser sur le pétrole – qui finance largement les bénéficiaires de l’Arctic Slope Regional Corporation – créent un schisme au sein d’une association autochtone en Alaska.
Selon un document repris par Alaska Public Media, l’Arctic Slope Regional Corporation (ASRC) aurait bénéficié de 22,5 millions de dollars US de BP et Chevron en 2017. L’ASRC est une des 13 sociétés régionales autochtones issues de la loi de 1971 portant sur le règlement des revendications autochtones en Alaska. Elle représente 13 000 Inupiat de la région North Slope, et détient les droits pétroliers sur l’Arctic National Wildlife Refuge qui a été ouvert aux compagnies pétrolières par un vote du Congrès en 2017.
L’ASRC est très liée au secteur pétrolier, qui lui permet d’avoir un chiffre d’affaires atteignant 3 milliards de dollars par an, et emploie 15 000 personnes. Elle s’est retirée en décembre 2019 de l’Alaska Federation of Natives (AFN) suite à des critiques formulées par les autres membres de l’AFN sur ses activités pétrolières. Ces critiques ont été formulées dans un contexte de réchauffement climatique, dont les effets se font particulièrement sentir en Alaska. L’AFN a d’ailleurs déclaré l’urgence climatique dans une résolution lors de sa convention annuelle. Dans le même temps, 26 tribus autochtones s’opposent et s’inquiètent de l’ouverture probable d’une zone de plus de 5 millions d’hectares à la prospection minière par le Bureau Of Land Management. Cette ouverture pourrait perturber les terrains de chasse et les zones de pêches traditionnelles et avoir de possibles effets indésirables sur la faune et la flore. Sources : Alaska Public; Alaska Public; Arctic Today; ADN.
L’armée de l’Air américaine prépare et renforce sa présence en Arctique
L’armée de l’Air américaine s’apprête à recevoir ses premiers F35A sur sa base d’Eielson, Alaska. En parallèle, elle a également procédé à l’évaluation de l’état d’une piste d’atterrissage sur l’île norvégienne de Jan Mayen, proche des routes menant à la Russie.
Le 354th Fighter Wing basé à Eielson Air Force Base, Alaska, va recevoir trois des 54 nouveaux chasseurs F35A Lightning II qui lui sont destinés dans les cinq ans, selon Stars and Stripes. Ceux-ci vont venir grossir les rangs du 356th Fighter Squadron réactivé. L’arrivée de ces chasseurs dernière génération, les plus chers de l’Histoire, témoigne de l’importance stratégique de l’Arctique, selon l’ancien secrétaire de l’US Air Force Heather Wilson et le Général David Goldfein qui s’exprimaient en janvier 2019 à ce sujet. Ces chasseurs seront sous le commandement de l’US INDOPACOM, le commandement Indopacifique des États-Unis.
L’US Air Force a également annoncé avoir envoyé en Novembre 2019 des militaires du 435th Contingency Response Squadron pour vérifier l’état d’une piste d’aviation sur l’île norvégienne de Jan Mayen, située en mer de Norvège, entre le Groenland et la Norvège. Cette action avait pour but de déterminer si des C‑130J Super Hercules pouvaient y atterrir pour ravitailler l’île, proche des routes reliant la Russie à l’Atlantique Nord. Sources : Stars and Stripes; Défense Aero; Business Insider; dvidshub.
L’Alaska en première ligne face aux effets du réchauffement climatique
Les effets du réchauffement climatique se font particulièrement sentir en Alaska. Une étude menée par l’armée américaine place deux communautés de l’Alaska comme les plus exposées à l’érosion côtière et au dégel du pergélisol ; une autre est déjà en cours de déménagement.
Selon une récente étude sur les effets du réchauffement climatique en Alaska, deux communautés, Shaktoolik et Shishmaref (situées au bord de la mer de Béring et de la mer des Tchouktches), seraient les plus menacées par l’érosion côtière, les inondations et le dégel du pergélisol. Cette étude, menée pendant 3 ans au sein de 187 communautés pour la plupart côtières ou situées près des rivières, a été réalisée par The Army Corps of Engineers and Researchers de l’Université d’Alaska Fairbanks dans le cadre du programme de protection des infrastructures des communautés (Villages Infrastructures Protection Program) de la Commission Denali.
Ces risques ont conduit au déménagement de la communauté Yupik de Newtok, située le long de la rivière Ninglick près de la mer de Béring. Ce déplacement a commencé en octobre 2019 (cf. bulletin n°8, Janvier 2020) et doit durer jusqu’en 2023. Cette nouvelle communauté de Mertarvik aura des maisons à l’efficacité énergétique améliorée. Sources : CBC; National Geographic.
CANADA
Le gouvernement fédéral donne un coup de pouce à l’extraction de ressources dans le Nord
Le gouvernement fédéral va financer à hauteur de 500 000 dollars le secteur minier dans le Nord. Cet investissement va notamment permettre la promotion du secteur dans des conférences rassemblant les acteurs du secteur.
Le député libéral du Yukon, Larry Bagnel, a annoncé à Vancouver, sous l’autorité de la ministre du Développement économique Mélanie Joly, que l’État fédéral va investir 500 000 dollars sur trois ans afin d’inciter les investisseurs à mettre leur argent dans des sites miniers encore inexploités. Il s’agira de financer la promotion, à la Convention Prospectors and Developers Association of Canada (PDAC), des Territoires du Nord. Soutenue par les trois Territoires, cette promotion vise une des seules sources de retombées économiques pour les populations locales. Dans le même temps, la mine Baffinland de Mary River reste suspendue au processus du Nunavut Impact Review Board, qui doit statuer sur le maintien ou l’arrêt de la production, représentant 6 millions de tonnes par an. Sources : NNSL, CBC, Nunatsiaq
Selon un chercheur, le Canada n’a pas prévu de refinancer le système d’alerte du nord
Le Professeur James Fergusson signale l’absence, dans les documents du ministère de la Défense canadien, d’un budget pour la modernisation et le financement du futur système d’alerte du Nord (NWS) après 2025.
Le NWS (North Warning System), ou Système d’Alerte du Nord, est opéré sous la houlette du NORAD (North American Aerospace Defense Command) – dont les dépenses de fonctionnement sont financées à 60% par les États-Unis et 40% par le Canada. Etabli pour surveiller les activités militaires au Nord de l’Amérique du Nord, il succède à la DEW line, installée pour prévenir d’une attaque aérienne soviétique. Ce système d’alerte, composé de radars situés en Alaska et dans le Nord du Canada, doit être remplacé et modernisé pour aller au-delà de sa durée de vie prévue, soit après 2025. Or, les documents publiés récemment par le ministère de la Défense canadien (20-year Defence Investment Plan publié en 2018 et le Defence Investment Plan 2019) ne prévoient pas de budget pour cette mise à niveau. Celui-ci s’élèverait à 11 milliards de dollars au total, soit 4,4 milliards de dollars pour la part canadienne. Selon le professeur James Fergusson de l’Université de Manitob et membre du centre de recherche Centre for Defence and Security Studies, le financement de cet équipement doit être la priorité en matière militaire pour le Nord, face à la reprise des vols de bombardiers russes ou aux nouvelles acquisitions russes de missiles de croisière longue portée. Sources : Macdonald Laurier; Macdonald Laurier; Nunatsiaq.
Deux publications appellent à un renforcement des capacités navales canadiennes dans le Nord
Plusieurs universitaires canadiens appellent le gouvernement fédéral à donner plus de moyens à la Garde-côtière canadienne ainsi qu’à la Marine royale canadienne, afin de faire face aux possibles crises ou activités illégales en cas de regain d’activité dans la zone.
Selon les professeurs Michael Byers et Nicole Covey, l’augmentation des moyens alloués à la Garde-côtière canadienne dans le domaine de la recherche et sauvetage dans l’Arctique canadien servirait deux objectifs : fournir un service équivalent au sud du Canada, et donner des moyens permettant d’aborder des navires susceptibles d’activités illégales. Ils soulignent toutefois l’importance de ne pas alimenter une course à la militarisation de la région. Cette publication fait écho à un éditorial de David J. Bercuson, directeur du Centre for Military, Security and Strategic Studies de l’Université de Calgary. Celui-ci appelle le Canada à investir à la fois dans la Garde-côtière canadienne et dans la Marine royale canadienne afin de se préparer à des crises futures et assurer la sécurité maritime dans l’Arctique. David J. Bercuson souligne que seule la Russie est capable d’assurer ces missions, contrairement au Canada et aux États-Unis. La Russie a des capacités brise-glace opérationnelles en toutes saisons, alors que les futurs Navires de Patrouille Extracôtier et de l’Arctique (NPEA) ne pourront naviguer qu’une partie de l’année dans les eaux de l’Arctique. Par ailleurs, la Marine royale canadienne a annoncé que ses NPEA pourraient également servir lors de missions d’aide, suite aux fréquents ouragans qui frappent les caraïbes. Sources : Regard sur l’Arctique; National Post; CBC.
GROENLAND/DANEMARK
Évaluation de l’impact de la dispense d’interdiction du commerce
des produits du phoque pour les communautés Inuit.
La Commission Européenne a publié le premier rapport évaluant l’effet de la réglementation interdisant le commerce des produits de la chasse du phoque et des dispenses d’interdiction pour les produits de la chasse des communautés autochtones. Si la réglementation a mis un coup d’arrêt à ce commerce, ce coup d’arrêt a également affecté les acteurs de la filière qui auraient dû être à l’abri.
En 2009, l’UE a adopté le règlement 1007/2009 qui a introduit une interdiction de mise sur le marché des produits de la chasse au phoque. En même temps, l’UE a reconnu que la chasse au phoque faisait partie intégrante de l’économie, de la nutrition, de la culture et de l’identité des Inuits ou d’autres communautés autochtones. À ce titre, une dispense au règlement a été actée pour les produits de la chasse des communautés Inuit et autres communautés autochtones. Le premier rapport quant à la mise en œuvre du règlement est à présent disponible. Ce rapport montre que les dispenses n’ont pas été efficaces. Une méconnaissance de la situation et la relative complexité des mesures de certification ont fait que peu de Groenlandais ont eu recours à cette exemption. À la lumière de cette situation, le Groenland exhorte l’UE à sensibiliser et à améliorer l’information des citoyens européens sur la légalité du commerce des produits des phoques chassés par les Inuits ou d’autres communautés autochtones, rétablissant ainsi la confiance des consommateurs. Bien que ce dossier puisse paraître anecdotique, des observations de terrains indiquent que la question du commerce des produits de la chasse est un élément central de la méfiance des habitants du Groenland à l’égard des institutions européennes. Source : Rapport de la commission au Parlement européen et au Conseil sur la mise en œuvre du règlement (CE) no 1007/2009, tel que modifié par le règlement (UE) 2015/1775, sur le commerce des produits dérivés du phoque.
Une nouvelle explication pour l’effondrement de la civilisation viking
au Groenland
La civilisation viking au Groenland se serait en partie effondrée dans les années 1400 en raison d’une surexploitation des morses pour leurs défenses d’ivoire, ceci jusqu’à leur extinction.
Une équipe de chercheurs des universités de Cambridge, Oslo et Trondheim a examiné des artefacts de défense de morse datant d’avant 1400 à travers l’Europe et a découvert que presque tous provenaient de morses chassés dans des mers uniquement accessibles aux communautés viking du Groenland. Les membres de cette équipe ont également découvert que des artefacts ultérieurs provenaient d’animaux plus petits, indiquant que les stocks diminuaient rapidement. Les chercheurs soulignent qu’il ne s’agit pas d’un facteur unique, mais probablement d’un des facteurs expliquant la disparition des communautés viking du Groenland au 15ème siècle. Source : Barrett, J. H., Boessenkool, S., Kneale, C. J., O’Connell, T. C., & Star, B. (2020). Ecological globalisation, serial depletion and the medieval trade of walrus rostra. Quaternary Science Reviews, 229, 106122.
ISLANDE
A partir de mars 2020, deux vols directs par semaine relieront Shanghai à Keflavik
En mars 2020, Juneyao Air proposera deux vols par semaine entre Shanghai et Keflavik.
La compagnie Juneyao Airs, basée à Shanghai, va proposer des vols directs entre Shanghai et Keflavik, à raison de deux par semaine. Ces vols feront toutefois escale à Helsinki (Finlande). Cette liaison sera opérée par un Boeing 787 Dreamliner d’une capacité de 330 passagers. Selon des statistiques du Bureau du tourisme islandais, quelques 89 495 touristes venant de Chine ont été comptabilisés en 2018. Les touristes chinois sont la quatrième nationalité à visiter l’Islande, après les Américains (en première position), les Allemands (en deuxième position) et les Français (en troisième position).
La start-up européenne Skyrora espère pouvoir effectuer des tirs de fusées depuis l’Islande en 2020
En 2020, Skyrora, start-up européenne, souhaite effectuer des tirs de fusées depuis l’île, dont les conditions sont idéales pour tester ces produits.
Basée en Ecosse, la start-up européenne Skyrora souhaite effectuer des tests de tirs de fusées développées grâce à une imprimante 3D. Afin de tester ces rockets, trois essais de lancement sont prévus depuis l’Islande en 2020. L’Islande, et plus particulièrement sa côte nord-est, présente des conditions parfaites pour ce type de test : faible densité de population, accès exceptionnel aux orbites polaires. En 2020, Skyrora voudrait tester des fusées de deux à onze mètres de long et atteindre entre 45 et 100 kilomètres d’altitude. Afin qu’elles ne retombent pas sur terre, la start-up prévoit de les lancer en mer et travaille en ce moment avec les autorités islandaises pour étudier les possibilités.