Renoncement chinois dans le cadre d’un appel d’offres concernant des chantiers aéroportuaires
Retrait du soumissionnaire chinois, la China Communications Construction Company (CCCC), dans le cadre d’un appel d’offres pour différents chantiers aéroportuaires au Groenland. La présence d’intérêts chinois avait interpellé les autorités danoises et américaines. Afin de maintenir le contrôle sur l’opération, le gouvernement danois a mis la main à la poche prenant ainsi le pas sur le gouvernement de Nuuk.
Invoquant des craintes quant à l’obtention des autorisations nécessaires, la China Communications Construction Company (CCCC) a retiré sa candidature dans le cadre d’un appel d’offres portant sur une série de chantiers aéroportuaires au Groenland. Ceci fait suite à d’intenses interrogations liées à l’établissement d’intérêts chinois au Groenland. Le Danemark s’est porté partie-prenante de ce projet en mettant sur la table 700 millions de couronnes danoises (environ 100 millions d’euros). Tant la crainte d’une mise sous tutelle chinoise de l’économie, que les inquiétudes des États-Unis liées à la base de Thulé semblent justifier ce nouvel épisode des rivalités entre la Chine et l’Occident autour de l’Arctique. Dans le cadre de l’autonomie renforcée, statut actuel du Groenland qui prépare son indépendance, le Danemark conserve les prérogatives de défense et d’affaires étrangères. Cet épisode a donc également généré des tensions entre les capitales danoise et groenlandaise : la conception de la défense et des affaires étrangères semblant ici empiéter nettement sur la politique économique, qui, elle, relève du Groenland. (Reuter, 4 juin 2019, The Diplomat, 10 juin 2019).
Élection législative au Danemark
La sociale-démocrate (centre-gauche) Mette Frederiksen a mené son parti à la victoire lors des élections législatives du 5 juin. Celle-ci a affirmé par le passé qu’il était temps de renforcer les prérogatives du gouvernement du Groenland en matière d’affaires étrangères.
Le statut actuel d’autonomie renforcée du Groenland, datant de 2009, permet au Danemark de conserver ses prérogatives en matière de politique étrangère et de défense. Même si une réelle latitude est laissée au gouvernement groenlandais, l’épisode récent du marché des travaux aéroportuaires (cf. ci-dessus) montre que les limites peuvent rapidement être atteintes. La récente gagnante des élections législatives au Danemark a exprimé par le passé le fait qu’elle pourrait soutenir un renforcement de l’autonomie du Groenland en matière de politique étrangère (Sermitsiaq AG, 24 Avril 2019 référé par The Diplomat, 10 juin 2019).
Suspension d’une campagne de l’Institut Suisse polaire autour du Groenland
Un délai administratif danois provoque la mise en suspend d’une campagne circum-groenlandaise suisse programmée sur un brise-glace russe. Un message envoyé aux intérêts russes, voire chinois ?
La campagne GreenLAnd Circumnavigation Expedition (GLACE), de l’institut Suisse polaire, est repoussée en raison de la non-obtention, dans les temps nécessaires, de l’autorisation du Danemark (Communiqué de presse du projet GLACE, 7 juin). Cette expédition, qui serait la première navigation autour du Groenland, était programmée en août et septembre 2019 (Swiss Federal Institute for Forest, Snow and Landscape Research). D’après certains observateurs, il pourrait s’agir d’une façon indirecte pour le Danemark de répondre aux tensions actuelles sur l’arctique – et de se positionner face aux intérêts Russes et Chinois ? (heidi.news). Néanmoins la complexité de la campagne en question pourrait tout aussi bien justifier de la durée du processus de délivrance des autorisations.
Jean-Paul Vanderlinden (CEARC), Magali Vullierme (CEARC), Michael Delaunay (CEARC).