ÉTATS-UNIS
Le secteur pétrolier, premier générateur de revenu en l’Alaska, fortement touché
Les effets de la crise sanitaire continuent de frapper le secteur pétrolier de l’Alaska qui voit sa production réduite et des projets d’explorations gelés.
Le secteur pétrolier, premier secteur en importance dans l’économie de l’État de l’Alaska, est durement touché par les effets de la crise sanitaire : baisse de la demande et baisse des prix dues à la surproduction. La production de pétrole est appelée à diminuer en 2020. Entre mars et avril, la production a déjà baissé de 12 000 barils par jour. Fin mai, Conoco Phillips, premier producteur de l’État, a annoncé baisser sa production de 100 000 barils par jour. Par ailleurs, la saison d’exploration de nouveaux puits, qui s’annonçait fructueuse, a dû être gelée pour certains projets. Cela pourra avoir des conséquences sur l’avenir du maintien de la production de l’État. Il y aurait déjà eu presque 600 renvois d’employés dans cinq entreprises du secteur. Malgré ce contexte incertain pour l’industrie de l’extraction, un projet de pipeline entre le Nord et le Sud de l’État vient d’être approuvé par les autorités américaines. Ce pipeline doit relier des champs gaziers du Nord à une usine de liquéfaction, pour permettre l’exportation du gaz en Asie. Le projet est évalué à 43 milliards de dollars. La volonté d’exploiter les vastes réserves de gaz du Nord de l’État existe depuis au moins 1977, mais ne s’était, jusqu’à ce jour, pas concrétisée. Sources : Arctic Today, Arctic Today.
CANADA
Une entreprise chinoise intéressée par l’achat d’une mine d’or au Nunavut
L’annonce du possible rachat d’une mine d’or canadienne par une entreprise chinoise a suscité beaucoup de réactions négatives parmi les habitants de l’Arctique canadien, dans un contexte particulier entre la Chine et le Canada.
Une entreprise chinoise, détenue en partie par l’État chinois, Shandong Gold, serait sur le point d’acheter la mine d’or de Hope Bay, actuellement possédée par l’entreprise canadienne TMAC Resources Inc. pour 208 millions de dollars canadiens. Cette annonce a produit beaucoup de réactions négatives parmi les populations locales, notamment vis-à-vis de la crainte du non-emploi de travailleurs locaux par des compagnies chinoises. Selon Michael Byers, titulaire de la chaire de recherche du Canada en politique mondiale et en droit international à l’Université de Colombie Britannique, cet intérêt ne va pas au-delà des aspects économiques, et la souveraineté canadienne ne serait pas menacée si la vente se faisait. L’Association Inuit Kitikmeot (KIA), qui représente les Inuits de la région Ouest de l’Arctique canadien, s’est déclarée en faveur de cette vente, la mine devant rapporter à terme 400 millions de dollars canadiens de royalties à KIA et à Nunavut Tunngavik Inc. Toutefois, au Canada comme aux États-Unis, les activités chinoises dans l’Arctique sont regardées de très près, beaucoup d’interrogations entourant les réelles intentions chinoises. Cette annonce a été faite dans un contexte particulier, la justice canadienne venant d’autoriser le processus d’extradition aux États-Unis de Meng Whanzhou, numéro deux de Huawei, actuellement en résidence surveillée au Canada suite à son arrestation en 2018. Sources : Nunatsiaq, Mining news North, CBC, CBC, Journal de Montréal.
Le secteur du tourisme souffre des effets de la pandémi
Le secteur du tourisme dans l’Arctique canadien continue de subir les effets de la crise sanitaire, et tourne au ralenti, alors que la saison s’annonce catastrophique.
Transport Canada a annoncé le 14 mai que les bateaux de loisirs, en plus des bateaux de croisières (cf. bulletin n° 11), ne pourront pas naviguer au-delà du 60e parallèle Nord, incluant donc les eaux de l’Arctique canadien, du 1er juin jusqu’au 31 octobre, afin d’empêcher des contaminations par le virus Covid‑19 dans les communautés. Bien que les populations locales ne soient pas touchées par cette interdiction, elle va avoir des impacts importants sur la saison touristique, notamment pour le secteur hôtelier. À Yellowknife (Territoires du Nord-Ouest) et à Iqaluit (Nunavut), deux hôtels ont renvoyé 145 employés depuis mars par manque de réservations. Seule une quinzaine d’employés a été gardée dans chaque hôtel. Ces situations se répètent à travers les trois territoires arctiques, le tourisme étant le deuxième secteur le plus important dans le Nord, après le secteur minier. De plus, les vols directs entre l’Europe et le Yukon sont désormais interdits. Ces restrictions semblent être bien accueillies par les résidents, qui espèrent recevoir des aides pour compenser les pertes. Le gouvernement fédéral a d’ailleurs annoncé, le 13 mai, que les petites et moyennes entreprises du Nord pourront faire une demande d’aide auprès de l’agence canadienne du développement économique du Nord (CanNor), via un fonds d’aide doté de 34 millions de dollars en partie destiné aux entreprises du secteur du tourisme des trois territoires du Nord. Sources : Arctic Today, CBC, Radio Canada, Regard sur l’Arctique
GROENLAND/DANEMARK
Impact important de la crise du Covid‑19 sur l’économie groenlandaise
Les secteurs clés de l’économie groenlandaise sont touchés par la pandémie mondiale et ses conséquences.
L’impact économique du Covid‑19 sur l’économie groenlandaise est multiforme : baisse de la demande mondiale pour les produits de la mer – première source de revenus du gouvernement groenlandais en dehors de l’aide apportée par le Danemark –, ralentissement significatif du tourisme, soutien renforcé apporté aux vols internationaux d’Air Greenland et aux municipalités en raison de la baisse de leurs revenus d’impôts.
Ces mauvaises nouvelles ne sont pas compensées par quelques nouvelles positives : renouvellement du contrat SAR de la Défense nationale danoise pour Air Greenland – suite à une dispense d’appel d’offres européenne –, demande d’assistance de la part des entreprises moins importantes que prévue. Les impacts nets attendus font que le gouvernement Groenlandais envisage d’emprunter 2 à 2.5 milliards de couronnes danoises (270-335 millions d’euros), afin de disposer de suffisamment de liquidités pour 2021, ceci dans l’hypothèse d’une crise se prolongeant sur 18 mois (1 milliard dans l’hypothèse d’une crise limitée à 9 mois). Le conseil économique du gouvernement groenlandais recommande un emprunt au Danemark afin de bénéficier de la flexibilité d’un tel instrument. Sources : Sermitsiaq AG (danois), Sermitsiaq AG (danois), Sermitsiaq AG (danois)
La Commission chargée de la rédaction de la Constitution groenlandaise reprend son travail
Accusant un retard de plusieurs mois, les travaux de la Commission ont été interrompus par la crise du Covid‑19.
Le lancement des travaux de la Commission, composée de sept membres nommés par les partis élus à l’Assemblée législative groenlandaise, a eu lieu en novembre 2016, avec une fin prévue pour 2019. Trois présidents se sont succédés à sa tête. Une première version de travail de la Constitution doit être rédigée avant l’été, dans l’espoir de pouvoir entamer des consultations publiques à l’automne 2020 – l’objectif étant de pouvoir soumettre une proposition pour la fin 2021. Sources : Sermitsiaq AG (danois), Sermitsiaq AG (danois).
Le consul des États-Unis à Nuuk prend ses marques
Sung Choi, récemment nommé consul des États-Unis à Nuuk, est arrivé début mai.
Le bureau du consulat a été installé, de façon temporaire, au centre de commandement arctique de l’armée danoise (Joint Arctic Command). Il est appelé à déménager ailleurs, à plus ou moins brève échéance. La nomination de Sung Choi s’inscrit dans le contexte de l’annonce d’une aide de 83 millions de couronnes danoises (12 000 000 US$), aide qui continue de générer de nombreux débats tant au Groenland qu’au Danemark : accès privilégié à de l’information sur le Groenland sans contreparties significatives des États-Unis, impact de l’aide semblant fort limité (en nature, sous forme de mise à disposition d’expertise des États-Unis), menace que la présence des États-Unis peut faire peser sur les relations entre le Groenland et le Danemark. Sung Choi a hérité également d’un autre dossier : celui de la rhétorique guerrière utilisée par l’ambassadrice des États-Unis à l’encontre de la Chine et de la Russie.
Celui que certains quotidiens et hebdomadaires appellent l’“homme de Trump” reçoit un accueil positif de la presse groenlandaise, qui fait fréquemment état de ses voyages dans des communautés groenlandaises hors de Nuuk, de son attachement au Groenland et de son tempérament passionné. Sources : Sermitsiaq AG (danois), Sermitsiaq AG (danois), Sermitsiaq AG (danois), Sermitsiaq AG (danois), Sermitsiaq AG (danois), Sermitsiaq AG (danois)
ISLANDE
Le Mouvement Gauche-Vert a rejeté un projet de construction d’un port de l’OTAN dans le sud-ouest du pays
Le Mouvement Gauche-Vert a rejeté un projet de l’OTAN dans la péninsule de Reykjanes, située au sud-ouest de l’Islande. Ce projet était évalué entre 12 et 18 milliards de couronnes islandaises (82 à 122 millions de dollars américains).
Mi-mai 2020, le Mouvement Gauche-Vert islandais a rejeté un projet de construction d’un port de l’OTAN. Le budget de ce projet, évalué entre 12 et 28 milliards de couronnes islandaises (82 à 122 million de dollars américains), devait être apporté en majorité par l’OTAN, et le reste par le gouvernement islandais. Le projet prévoyait la construction d’un port adapté pour recevoir les navires de l’OTAN, des installations de nuit et des entrepôts. Ce projet, soutenu par les deux autres partis du gouvernement (le Parti de l’Indépendance et le Parti Progressiste). Le mois dernier, le Mouvement Gauche-Vert, opposé à l’adhésion de l’Islande au sein de l’OTAN, avait déjà exprimé ses doutes, demandant des discussions détaillées et formelles avant les travaux. Selon Ásmundur Friðriksson, député du Parti de l’Indépendance, ce projet aurait un impact positif sur le taux de chômage de la région en créant des emplois à long terme. Sources : Icelandmonitor ; Mbl.is (islandais) ; Icelandmonitor
L’État islandais et Icelandair ont signé un contrat garantissant deux vols par semaine vers et à partir de trois destinations au moins jusqu’au 27 juin
Icelandair, qui espère lever des fonds via une ouverture de son capital, bénéficiera du soutien étatique pour ces vols à destination et vers l’Islande jusqu’au 27 juin au moins.
Suite à l’arrêt de la majorité de ces vols en raison de la crise sanitaire, l’État islandais a signé un contrat avec la compagnie afin de garantir un minimum de vols vers l’Europe et les États-Unis entre le 17 mai et le 27 juin. Pendant cette période, l’État pourra verser jusqu’à 300 millions de couronnes islandaises. En cas de prolongation, un maximum total de 500 millions de couronnes pourrait être versé. Ce contrat est renouvelable deux fois, jusqu’au 8 août puis jusqu’au 19 septembre. Deux vols par semaine pour trois destinations seront ainsi maintenus : Boston, Londres et Stockholm ; des vols vers New York et Copenhague seront également étudiés pendant la période. En parallèle, la compagnie aérienne Icelandair espère lever 1,82 million d’euros par une ouverture de son capital au mois de juin, qui doit être approuvée par ses actionnaires. Enfin, Icelandair devait également renégocier ses contrats avec ses pilotes, ses mécaniciens et ses membres d’équipages. Les négociations ont abouti avec les deux premiers mais pas avec l’Association du personnel de bord, qui a rejeté une offre de contrat ne prévoyant pas d’augmentation de salaire avant 2023 (la dernière augmentation ayant eu lieu en 2018). Sources : Iceland Review ; Stjornarradid (islandais) ; Iceland Review
Jean-Paul Vanderlinden (CEARC), Magali Vullierme (CEARC), Michael Delaunay (CEARC)