Bulletin Octobre 2019 – Amérique du Nord – Groenland/Danemark – Islande

ÉTATS-UNIS

Israël test un système de missile Arrow en Alaska

Israël Aerospace Industries et Boeing ont mené des tests sur le système de missile Arrow‑3 en Alaska en secret.

Trois tests, jusque-là tenus secrets, du nouveau système antimissile israélien Arrow‑3 ont été menés en Alaska, en coopération entre les Américains et les Israéliens. Fin juillet 2019, le ministère de la Défense israélien a annoncé avoir mené des tests concluants sur le territoire américain, en Alaska, de son système antimissile Arrow‑3 développé et financé en partenariat entre Israël Aerospace Industries et Boeing. Le ministère de la Défense israélien en a profité pour affirmer que grâce à ce système antimissile, Israël est en mesure de se défendre contre des missiles lancés depuis l’Iran. (Source 45enord)

L’US Air Force sollicitée dans l’Arctique

L’US Air Force est de plus en plus présente dans l’Arctique et souhaite se renforcer notamment en Islande avec l’agrandissement d’installations militaires sur la base de Keflavik.

Le 22 juillet 2019, le scientifique en chef de l’Air Force, le Docteur Richard Joseph, a déclaré que « la région de l’Arctique devient de plus en plus importante et centrale dans la défense de [notre] territoire ». Faisant suite à cette déclaration, un bombardier stratégique B‑2 a patrouillé, dans la nuit du 4 au 5 septembre, au-delà du cercle Arctique au-dessus de la mer de Norvège (en dehors de l’espace aérien de cette dernière) pour la première fois. Il était accompagné par un KC‑135 britannique pour effectuer un ravitaillement durant la mission. Cette information a été partagée sur Twitter par l’US Air Force le matin même. Cet avion fait partie d’un détachement de deux B‑2 stationnés à Fairford (Angleterre), qui ont également effectué pour la première fois une opération de ravitaillement au sol à Keflavik (Islande) le 28 août 2019. Cette activité en Arctique fait suite à la volonté des armées américaines de renforcer leur présence dans la région, comme le prouve le contrat pour l’allongement d’une piste et la construction de baraquements pour soldats sur la base américaine de Keflavik (Islande), dans le but de faire voler davantage d’avions de surveillance P‑8 Poseidon et d’avion de transport C‑5 Galaxy. (Sources The Barents Observer ; AFNS ; Breaking Defense)

BP se retire de l’Arctique américain

La compagnie pétrolière britannique BP a annoncé quitter l’Arctique. Cette annonce fait suite à la vente de ses installations et licences en Alaska pour 5,6 milliards de dollars US à une entreprise américaine connue pour plusieurs incidents de sécurité et environnementaux.

Présente depuis 1959 en Alaska, la compagnie pétrolière britannique BP a annoncé la vente de ses actifs dans cet État américain pour un montant de 5,6 milliards de dollars à la compagnie Hilcorp Alaska, et quitte donc l’Arctique américain. Cela serait dû aux difficultés qu’a connues l’entreprise britannique dans l’exploration en mer, ainsi que la baisse des rendements des puits en exploitation et une volonté de renflouer les caisses de l’entreprise par la vente d’actifs. Hilcorp est spécialisée dans le rachat et l’exploitation de puits délaissés par les majors pour faute de baisse de rendement. Par ailleurs, cette entreprise est connue pour de nombreux incidents (notamment de pollutions) et des problèmes de sécurité liés aux conditions de travail de ses employés.

Dans le même temps, l’administration américaine a publié une étude environnementale dans l’optique d’exploiter le gisement de Willow, situé dans la National Petroleum Reserve qui contiendrait plus de 750 millions de barils de pétrole. Le projet est bien accueilli par les pétroliers, mais beaucoup moins par certains scientifiques et Autochtones qui craignent une destruction des écosystèmes pouvant impacter le gibier traditionnel chassé pour se nourrir. (Sources Arctic Today ; Regard sur l’Arctique)

CANADA

Le gouvernement fédéral publie son nouveau cadre stratégique pour l’Arctique et le Nord du Canada au dernier moment

Quelques heures avant le lancement de la campagne pour les élections fédérales, le gouvernement Trudeau publie sa tant attendue politique pour l’Arctique, sous la forme d’un constat appelant une deuxième phase de mise en œuvre de solutions pour rendre fort et dynamique le Nord canadien.

Au dernier moment, le 10 septembre 2019, le gouvernement fédéral a publié son cadre stratégique pour l’Arctique et le Nord (tant attendu !), juste avant le lancement de la campagne pour les élections fédérales. Ce cadre doit guider jusqu’en 2030 la politique canadienne dans la zone. Le document, lancé sans annonce officielle particulière, a été simplement publié sur un site internet du gouvernement, dans une version uniquement en ligne qui ne permet pas de l’enregistrer ou de le diffuser (par exemple en format PDF). Cette nouvelle politique arctique a été développée en coopération avec de nombreux acteurs du Nord – pas seulement arctiques. Elle propose un tableau de la situation dans le Nord qui fait état d’un échec du gouvernement canadien à offrir les services publics et les mêmes conditions de vie que les Canadiens du Sud : « le Canada reconnaît que ce qui a été fait auparavant n’a pas permis de bâtir une région forte et durable où l’ensemble de la population a accès aux possibilités auxquelles s’attendent généralement les Canadiens ». Afin de changer cet état de fait, l’accent est mis sur l’investissement dans les domaines de la santé, des infrastructures, du développement économique ainsi que sur la recherche pour faire face aux effets du changement climatique. Par ailleurs, elle souligne aussi la volonté de réconciliation avec les peuples autochtones et la volonté d’assurer que les habitants soient en sécurité et bien défendus, tout en redonnant au Canada sa place de chef de file international dans l’Arctique. Pour assurer cela, une présence militaire accrue est préconisée ainsi qu’une meilleure connaissance et capacité de surveillance dans la zone.

Cette nouvelle politique ressemble plus à un constat de la situation actuelle dans l’Arctique canadien qu’à une réelle politique. En effet, les solutions concrètes et les investissements à mettre en œuvre seront décidés dans un deuxième temps, lors d’un processus de décision entre tous les acteurs de la région. Enfin, l’idée forte qui ressort de ce document est de bâtir une région arctique et nordique dynamique, prospère et durable, au pays et à l’étranger, tout en exprimant la souveraineté durable du Canada dans l’Arctique. Elle met au centre le besoin d’investissements et d’amélioration des conditions de vie des populations autochtones, tout en mettant l’accent sur le processus de réconciliation avec ces populations. En effet, l’affirmation de la souveraineté canadienne sur la zone ne sera possible qu’en développant les infrastructures nécessaires à ces communautés. (Source)

Nouvelles fouilles sur le site du naufrage de l’expédition Franklin

Les navires de l’expédition Franklin, retrouvés en 2014 et 2016, vont être à nouveau fouillés pour récupérer des artefacts laissés dans les cabines. Cet épisode historique reste un marqueur identitaire fort pour le Canada au service de l’affirmation de sa souveraineté sur le PNO.

Symbole de la volonté britannique de découvrir le Passage du Nord-Ouest (PNO), les épaves des navires de l’expédition Franklin HMS Erebus et HMS Terror feront l’objet de nouvelles fouilles par des archéologues de Parcs Canada à l’aide de sous-marins téléguidés. Retrouvés en 2014 et 2016 grâce au savoir inuit, ces recherches et ces expéditions de fouilles sont les plus importantes menées par le service Parcs Canada. Ces navires – donnés symboliquement par la Grande-Bretagne au Canada en 2017 et déclarés lieux historiques nationaux canadiens – sont un marqueur identitaire fort du lien entre les Canadiens, le Grand Nord et son exploration. Ils ont été instrumentalisés pour servir à renforcer la souveraineté historique canadienne sur le Passage du Nord-Ouest sous le mandat du Premier ministre Steven Harper, expliquant ces multiples et coûteuses expéditions de recherches menées par Parcs Canada. (Source Regard sur l’Arctique)

Le secrétaire d’État américain rencontre le Premier ministre canadien

La rencontre entre le secrétaire d’État américain et le Premier ministre canadien a permis de discuter de coopération dans la défense commune de l’Arctique tout en réaffirmant la position canadienne sur le PNO.

Lors de sa visite à Ottawa, le 22 août 2019, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a rencontré le Premier ministre canadien Justin Trudeau. Au cours de cette rencontre, la question de la défense de l’Arctique a été évoquée, notamment au regard des inquiétudes américaines, mais aussi canadiennes, quant aux intentions et activités chinoises et russes dans la région. La question de la coopération dans la défense de la zone a été évoquée dans le cadre du NORAD et du NWS. Cette rencontre a été l’occasion pour Justin Trudeau de rappeler à l’auteur de la phrase qualifiant la souveraineté canadienne sur le PNO d’illégitime, la position canadienne au regard de sa souveraineté dans le PNO, alors que l’opération Nanook-Tuugaalik visant à effectuer des patrouilles de surveillance et des exercices des Forces armées canadiennes se tenait du 9 août au 13 septembre 2019. (Sources Eye on the Arctic, 45enord)

GROENLAND/DANEMARK

Les militaires stationnés à Station Nord sont à présent en mesure d’effectuer les formalités d’entrée sur le territoire groenlandais

“Porte d’entrée” récemment reconnue comme point d’entrée officiel dans l’espace Schengen, pour des personnes en provenance du Svalbard, Station Nord a comme fonction principale l’hébergement d’une station météorologique et la fourniture de services à l’intention de la patrouille Sirius.

Station Nord est une base scientifique et militaire située à l’extrême nord-est du Groenland. Il s’agit du second établissement humain permanent le plus au nord au Groenland. Station Nord est occupée par 5 sous-officiers de l’armée danoise et peut accueillir une vingtaine de scientifiques au sein de sa partie scientifique, la station de recherche Villum. Sa piste d’atterrissage est utilisable environ 300 jours par an. Il s’agit d’un point d’entrée privilégié au Groenland, et donc dans l’espace Schengen, pour des équipes scientifiques en provenance du Svalbard. Station Nord est placée sous l’autorité du Commandement arctique de l’armée danoise (Sources : Sermitsiaq AG, Forsvaret, Villum Research Station).

Le ministère danois de la Défense a conclu un accord avec le gouvernement groenlandais pour l’utilisation de l’aéroport de Kangerlussuaq au delà de 2023

L’aéroport de Kangerlussuaq est important pour les opérations de l’armée danoise. Son remplacement pour le trafic civil d’ici 2023 soulevait la question de son maintien hors activités civiles.

L’aéroport de Kangerlussuaq, qui est actuellement l’aéroport principal du Groenland, est appelé à être remplacé, pour l’aviation civile, par celui de Qaqortoq. La ministre de la Défense danoise a néanmoins souligné l’importance de cet aéroport pour la défense nationale. Le maintien en activité de Kangerlussuaq est fondamental, tant pour les activités militaires que pour les activités de recherche et sauvetage (sources : Bloomberg, KNR, High North News).

L’Ambassadrice de France au Danemark s’exprime, à Nuuk, sur la situation géopolitique en Arctique

Lors d’un entretien avec le quotidien Sermitsiaq AG, l’Ambassadrice a insisté sur l’importance de placer les nations arctiques au cœur d’un effort nécessaire de réduction des tensions autour de l’Arctique.

S’appuyant sur l’observation d’une compétition croissante pour l’accès aux ressources, Caroline Ferrari a souligné les éléments suivants : l’importance des nations arctiques pour le maintien d’un Arctique peu militarisé, et le désir de la France de contribuer à une non-escalade des tensions. (sources : Sermitsiaq AG)

Visite du Bâtiment de soutien et d’assistance métropolitain (BSAM) “Garonne” à Nuuk

Le BSAM Garonne sera en visite à Nuuk à partir du 30 septembre. Il s’y livrera, en compagnie de la Marine danoise, à un exercice de sauvetage et de lutte contre la pollution.

Cette visite s’inscrit dans la phase “eaux froides” de son déploiement de longue durée avant admission au service actif. Construit entre Lanester et Concarneau, et arrivé à Brest fin mars 2019, la Garonne mesure 70 m de long et 16 m de large pour 2 665 tonnes de déplacement. Il est équipé de deux moteurs diesel de 2 650 KW chacun. (sources : Ouest France, Mer et Marine, Sermitsiaq AG).

ISLANDE

Un projet de déclaration portant sur les actions à entreprendre pour le climat a été signé le 20 août 2019 à Reykjavik

Le 20 août 2019, un “Projet de déclaration commune des Premiers ministres des pays nordiques et des PDG des pays nordiques pour un avenir durable” a été signé à Reykjavik.

Le 20 août 2019, à l’issu de la réunion des Premiers ministres nordiques à Reykjavik, un projet de déclaration visant à promouvoir les actions pour le climat a été signé par les Premiers ministres islandais, danois, finlandais, norvégien, suédois, ainsi que par les représentants du Groenland, des îles Féroé et d’Aland, région autonome de la Finlande. Cette déclaration a également été signée par les “Nordic CEO for Sustainable Future”, un groupe de quatorze entreprises. Cette déclaration rappelle la volonté des signataires d’appliquer les 17 UN Sustainable Development Goals (SDGs) et l’Accord de Paris d’ici à 2030. Cet objectif se fera grâce à une forte coopération et des actions concertées entre les secteurs public et privé. Angela Merkel était invitée à la réunion (voir également la rubrique Gouvernance).

La première capsule du projet “Plastique dans une Bouteille” du PAME a été lancée au large des côtes islandaises

Le 12 septembre 2019, le Groupe de Travail sur la Protection de l’Environnement Marin du Conseil de l’Arctique (PAME) était en Islande pour lancer son projet “Plastique dans une Bouteille”.

Le 12 septembre 2019, le ministre islandais pour l’Environnement et les Ressources Naturelles, Gudmundur Ingi Gudbrandsson, a lancé la première capsule du projet “Plastique dans une Bouteille” du pont du Thor, vaisseau des garde-côtes islandais. D’autres capsules vont être lancées dans les prochains mois d’autres points arctiques. Ces capsules contiennent un message à destination de la personne qui les trouvera. Ce projet a pour objectif de mieux comprendre la circulation des plastiques dans les océans. Une carte interactive va suivre la trajectoire de ces capsules.

Reprise de WOW Air par l’USAerospace Associates

Le 6 septembre 2019, USAerospace Associates, une compagnie américaine, a annoncé la reprise de Wow Air. Le premier vol de WOW Air “nouvelle génération” aura lieu début octobre.

Le 6 septembre 2019, l’USAerospace Associates a annoncé avoir repris WOW Air. Le montant de la transaction n’est pas connu mais USAerospace Associates a indiqué avoir injecté 85 millions de dollars. Afin de pouvoir opérer sur le sol européen, 51% des parts seront détenues par des partenaires islandais ; le reste sera entre les mains d’USAerospace Associates. WOW Air nouvelle génération doit inaugurer son premier vol en octobre entre Dulles (Washington) et Keflavik (Reykjavik).

 

Jean-Paul Vanderlinden (CEARC), Magali Vullierme (CEARC), Michael Delaunay (CEARC).