Bulletin Avril 2020 – Technologie – Industrie – Capacitaire

Actualité Industrielle

Nouvelle croissance du trafic maritime dans l’Arctique russe

31 millions de tonnes ont transité le long de la RMN en 2019, soit une augmentation de plus de 400 % par rapport à 2018.

Les chiffres annoncés par Nicolay Monko, directeur de l’Administration de la Route Maritime du Nord, sont éloquents : sur les trois dernières années, le trafic maritime sur cet axe aurait connu une croissance de 430 % depuis trois ans pour un volume total de biens échangés de 31,5 millions de tonnes pour l’année 2019, à comparer au record soviétique de 6,5 millions de tonnes de 1986 (source EN). En 2019, les brise-glaces nucléaires ont escorté 510 navires d’une jauge brute totale de 30,28 millions de tonnes (à titre de comparaison, en 2018, 331 navires d’une jauge brute totale de 12,7 millions de tonnes ont été escortés). Source Rosatom

Ces performances doivent néanmoins être relativisées : d’une part, elles restent relativement modestes, cette croissance s’expliquant d’abord par le volume limité des échanges initiaux ; d’autre part, ce trafic repose principalement sur une activité unique, le transport de gaz naturel liquéfié, depuis que l’usine de liquéfaction de gaz naturel du port maritime de Sabetta en péninsule de Yamal fonctionne à pleine capacité. Cette hyperspécialisation du trafic concentrée dans la Route Maritime du Nord induit pourtant une vulnérabilité croissante à la santé du marché international, tout en distinguant clairement cet axe commercial de ceux qu’il entend concurrencer et qui reposent sur des flux beaucoup plus variés. Le ralentissement de l’économie mondiale à la suite de la propagation du COVID‑19 devrait par ailleurs avoir un impact direct sur le volume du commerce maritime, dans l’Arctique comme sur l’ensemble des mers du globe.

GAZPROM annonce la construction d’un nouveau pipeline en péninsule de Yamal

La société Gazprom Neft, directement associée à la société d’État Gazprom, poursuit le développement de ses infrastructures en péninsule de Yamal et annonce la construction future d’un pipeline de plus d’une centaine de kilomètres de long, reliant ses exploitations locales au port de Novy, dans le golfe de l’Ob (source EN), susceptible de transporter chaque année près de 22 milliards de mètres cubes de gaz. La société Gazprom Neft est particulièrement active dans le Grand Nord russe, où elle détient le champ gazier de Kharasaveyskoye, sur le flanc ouest de la péninsule de Yamal (source EN).

Le ravitaillement de l’expédition MOSAiC en plein Arctique monopolise deux brise-glaces russes.

L’acheminement d’un second brise-glace russe a été nécessaire pour ravitailler en combustible le premier en raison de la trop importante épaisseur de glace.

Le Kapitan Dranitsyn a été affrété pour assurer la relève des équipages vers et depuis le Polarstern à la dérive en haut Arctique, tous les trois mois. Fin janvier, le brise-glace russe a de nouveau quitté Tromsø avec une nouvelle équipe de chercheurs de l’expédition. Cependant, les conditions de glaces rencontrées ont été extrêmement difficiles cette année et le navire a passé beaucoup plus de temps que prévu pour rejoindre le Polarstern. Ayant dépensé davantage de carburant que prévu, il a fallu l’aide d’un autre brise-glace russe, l’Amiral Makarov pour le ravitailler de façon à assurer le voyage retour du Kapitan Dranitsyn. Cet évènement souligne la difficulté d’un sauvetage dans la banquise, s’il était nécessaire, par le peu de moyens adaptés. L’expédition MOSAIC est maintenant confrontée à des défis majeurs liés au Covid-19 pour assurer son prochain transfert de personnel en avril, les vols depuis le Svalbard étant interdits.

Qu’une expédition aussi bien équipée et dotée d’un budget aussi conséquent – estimé à hauteur de 140 millions d’euros – rencontre de telles difficultés est un témoignage de l’hostilité de l’environnement Arctique à la navigation, malgré une amélioration des conditions de transit liée, entre autres, au réchauffement climatique, à la fonte des glaces, et au développement des infrastructures sur le littoral russe.

Sources : Arctictoday ; Barentsobserver ; Barentsobserver; weser-kurier.de

Actualité Capacitaire

La Finlande prépare de nouvelles acquisitions pour ses garde-frontières

Confrontés à une recrudescence de l’activité militaire russe dans le Grand Nord et dans la Baltique, les garde-frontières finlandais anticipent de nouvelles acquisitions de matériels dans les années à venir dans le cadre de la publication de la Stratégie de la Garde-Frontière Finlandaise à l’Horizon 2027. Ce document prévoit l’allocation de plus de 330 millions de dollars US à l’acquisition de nouveaux matériels, les actuels équipements disponibles étant vieillissants, à l’image des patrouilleurs Tursas et Uisko, construits dans les années 1980, et qui n’ont reçu à ce jour le renfort que d’une seule unité moderne, le Turva. Les autorités finlandaises prévoient par ailleurs l’achat d’un nouvel appareil pour compléter sa flotte de deux Dornier Do 228 (source EN), des petits patrouilleurs de construction allemande utilisés, entre autres, par les Pays-Bas, le Royaume-Uni et l’Allemagne.

Les États-Unis et le Canada participent à l’exercice Arctic Eagle

Les États-Unis et le Canada ont participé ce mois à l’exercice Arctic Eagle, dont la particularité est de réunir non seulement des éléments issus des forces armées des pays mentionnés plus tôt, mais aussi des personnels issus de la Garde Nationale et du Corps des Garde-Côtes des États-Unis (source EN). Fait plus singulier, l’édition 2020 de l’exercice, organisée entre le 20 février et le 7 mars, a vu la participation de la Mongolie (source EN). Comme les exercices Van Winkle, Arctic Edge, ICEX et Freeze Dried Ptarmigan, Arctic Eagle doit contribuer aux capacités des États-Unis à agir et interagir dans l’environnement Arctique, mais aussi à mettre à l’essai divers équipements mis à disposition des forces américaines (source EN).

L’US Navy lance l’édition 2020 de l’exercice biannuel ICEX

Pour continuer à développer sa capacité à agir dans l’environnement Arctique, la Marine américaine a organisé l’édition 2020 de l’exercice biannuel ICEX en déployant plusieurs sous-marins nucléaires d’attaque (SNA), le Connecticut de classe Seawolf et le Toledo de classe Los Angeles. Entre autres capacités, ces unités s’assurent de pouvoir naviguer dans l’environnement Arctique, d’y mener des manœuvres de combat mais aussi d’y établir une présence semi-durable en contribuant à l’installation d’une base militaire temporaire, l’Ice Camp Seadragon (source EN). Si l’immense majorité des personnels et des matériels présents dépendent des forces américaines, l’exercice ICEX s’articule autour de quatre participants supplémentaires : le Royaume-Uni, le Canada, la Norvège et le Japon, dans l’objectif de renforcer l’interopérabilité de leurs forces respectives (source EN). Voir également le billet dans la rubrique États-Unis.

La Russie sera bientôt dotée d’un missile naval hypersonique, le Tsirkon

Alors que la Russie cherche à développer ses capacités militaires en milieu maritime, le développement et la prochaine mise en service du missile naval hypersonique Tsirkon représentent un progrès important pour les forces armées russes et une menace supplémentaire pour ses adversaires potentiels (source EN).

Si les informations disponibles concernant le Tsirkon sont rares, ce missile de croisière hypersonique semble présenter un atout majeur : sa vitesse. Capable d’atteindre neuf fois la vitesse du son, le Tsirkon se propose d’atteindre des cibles jusqu’à 1 000 kilomètres de distance, sa vélocité offrant une contre-mesure efficace aux systèmes antimissiles classiques ; il est par ailleurs susceptible d’être tiré non seulement depuis le sol, mais aussi depuis des navires de surface et des sous-marins, et peut atteindre des cibles terrestres comme navales (source EN). Le Tsirkon devrait en ce sens compléter l’arsenal russe et crédibiliser sa capacité à la fois à frapper en premier mais aussi à répondre à une attaque contre ses intérêts ; il contribuerait en ce sens au renforcement de la dissuasion conventionnelle russe vis-à-vis d’une attaque s’articulant autour de ses approches maritimes, en mer Noire, dans la Baltique mais aussi et surtout dans l’Arctique.

La Flotte du Nord russe recevra six bâtiments de plus d’ici 2021

Alors que la Marine russe dispose toujours d’une marine d’un volume conséquent, mais que ses capacités opérationnelles souffrent du vieillissement de ses matériels, la Flotte du Nord, considérée comme la force navale la plus importante de la Fédération de Russie, devrait recevoir six nouveaux bâtiments d’ici à la fin de l’année 2020 (source EN).

L’identité de deux de ces six bâtiments a été révélée par les autorités russes : le sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) de classe Boreï modernisée Knyaz Vladimir et la frégate Admiral Kasatonov, seconde unité de la classe Admiral Gorshkov inaugurée en 2018 et qui devrait compter, à terme, entre 6 et 15 unités (source EN). On notera par ailleurs qu’en sus de ces unités, les autorités russes ont annoncé le lancement pour l’année 2020 d’un total de 11 bâtiments, comprenant les unités suivantes :

Classe Type (OTAN) Volume Dénomination
Classe Boreï (modernisée) SSBN 2 Knyaz Vladimir – Knyaz Oleg
Classe Iassen SSN 2 Kazan – Novosibirsk
Classe Kilo (modernisée) SSK 1 Volkhov
Classe Admiral Gorshkov FFGHM 1 Admiral Kasatonov
Classe Gremyashchiy FSGHM 1 Gremyashchiy
Classe Steregushchiy FSGHM 2 Retiviy – Aldar Tsydenzhapov
Classe Ivan Gren LPD 1 Pyotr Morgunov
Classe Alexandrit AM 1 Yakov Balyayev

 

IRIS, avec Hervé Baudu (ENSM)