L’ambition spatiale norvégienne comme catalyseur de la coopération en Arctique
Space Norway, entreprise détenue à 50% par le centre spatial norvégien et l’entreprise Kongsberg Satellite Services (KSAT), prépare le lancement en 2022 de deux satellites de communication afin de fournir un accès à Internet pour les régions au-dessus du 65ème parallèle.
Ce développement se ferait en coopération étroite avec les États-Unis à la suite d’un accord de coopération en matière de satellite. L’objectif de ce projet, rendu public après une aide financière de 101 millions de dollars du gouvernement norvégien à Space Norway, est également d’améliorer la surveillance et la protection de la souveraineté norvégienne en Arctique (Source EN). Si ce système pourrait être utilisé par les pays alliés, il fait surtout écho aux projets de coopé-ration spatiale lancés lors de la présidence norvégienne de NORDEFCO. Une référence claire du ministre norvégien de la Défense à la Vision 2025 de NORDEFCO semble corroborer le propos.
Projets hydrocarbures russes : accord sur la prise de participation japonaise
Dans une déclaration publique, le PDG de Novatek Leonid Mikhelson a affirmé que 80% de la production du projet de GNL Arctic LNG‑2 serait à destination de la région Asie-Pacifique.
Novatek espère finaliser la liste des partenaires étrangers impliqués dans ses projets d’ici la fin du mois de juin avant de rendre sa décision finale d’investissement à la fin de l’année. La China’s National Petroleum Corportation, la China National Offshore Oil Corporation, le groupe français Total ont chacun assuré leur participation à hauteur de 10% (Source EN). L’entreprise japonaise Mitsui a également acquis une participation à hauteur de 10% (source EN).
La coopération sino-russe pour le développement de la route maritime du Nord
Novatek, Sovcomflot, COSCO Shipping et le fonds d’investissement de la route de la Soie ont signé un accord quadripartite afin d’établir une entreprise conjointe (Joint-Venture) nommée Maritime Arctic Transport LLC. Elle a l’ambition de gérer une flotte de méthaniers brise-glace comprenant les flottes actuelles et en construction dédiées au transport de LNG produits par Novatek en Arctique, notamment Yamal LNG, Arctic LNG 2.
L’objectif de cette plate-forme unique est de concentrer les capacités logistiques et de transport afin d’assurer la sécurité, l’efficience et l’optimisation du système de trafic de transit de cargos le long de la route maritime du Nord. Sovcomflot dispose d’une flotte de 148 navires d’un tonnage total de 12,8 millions de tonnes dont 80 navires ont la capacité de navigation « glace ». L’entreprise russe a une réelle expérience de la navigation en zone polaire avec la gestion de plusieurs exploitations hydrocarbures dans le bassin arctique et subarctique (Sakhalin‑1, Sakhalin‑2, Varandey, Prirazlomnoye, Novy Port et Yamal LNG). Sovcomflot et Novatek ont entamé leur coopération en 2010 autour de la faisabilité technique et économique du transit énergétique dans la route maritime du Nord. (Source EN)
Accord quadripartite pour le développement d’une route maritime en Arctique
Le Fonds d’investissement direct russe, Rosatom, l’entreprise Norilsk Nickel et DP World, société émiratie, ont signé un accord d’intention qui comprend le lancement d’une étude de faisabilité sur les activités commerciales en vue de créer une entreprise conjointe pour le développement du trafic de cargos dans la route maritime du Nord (Northern Sea Route).
Les premières études porteront sur les besoins en financement, en infrastructures portuaires, brise-glaces. Chaque partie prenante pourrait apporter sa valeur ajoutée : Rosatom dispose d’une flotte de brise-glaces nucléaires, la participation du Fonds d’investissement direct russe vise à favoriser les investissements directs étrangers et Norilsk Nickel dispose d’une expérience certaine dans la gestion d’opérations logistiques en Arctique. DP World est un des grands opérateurs portuaires et logistiques du transport maritime mondial. (Source EN)
Les quatre principaux programmes capacitaires de la stratégie russe de projection de puissance en Arctique
Si la supériorité capacitaire russe est reconnue par tous les acteurs régionaux et internationaux intéressés par l’Arctique, Moscou s’attache à faire perdurer son avantage stratégique en modernisant et diversifiant ses capacités par le biais de quatre programmes importants.
1) Le projet 22220 de brise-glaces (LK‑60Ya) pour remplacer les prédécesseurs de la classe Arktika et Taymyr. Ces brise-glaces lourds pourraient avoir la capacité d’opérer en haute mer ainsi que dans les estuaires des fleuves russes. Les prochaines mises en service sont prévues pour 2020 et 2021 (cf. veille Russie).
2) Le projet de sous-marins nucléaires ayant la capacité brise-glace est en cours de développement par l’entreprise Malachite. Ces sous-marins viendraient en soutien aux opérations d’installations hydrocarbures et minières sous-marines et pourraient emporter des mini-sous-marins autonomes.
3) Le projet 00903 de plate-forme autopropulsée résistante à la glace prévue pour 2020, permettant de mener un large spectre d’activités (sondages et études géologiques, expéditions scientifiques, soutien logistique, surveillance aérienne et maritime, relais de communication). (Source EN)
4) Focus sur le projet 23550 (brise-glace, remorqueur, patrouilleur). Le projet 23550 classe Ivan Papanin recouvre le développement et la production d’une flotte de patrouilleurs maritimes brise-glaces multi-missions. Ils seraient construits par le chantier naval JSC Admiralty Shipyards de Saint-Pétersbourg qui a signé le contrat final avec la Marine russe en avril 2016. La construction du premier navire démonstrateur a commencé en septembre 2016 pour une livraison pour test à la fin de l’année 2019 et une mise en service en 2023‑2024 en raison de problèmes financiers. Un deuxième patrouilleur, le Nikolai Zubov, pourrait être mis à l’eau en 2020. L’objectif de cette classe de patrouilleur est de participer à un spectre large de missions en matière de surveillance, de respect de souveraineté, d’escorte de navires dans les eaux arctiques, de transport de matériels spéciaux, de remorquage ainsi que de maintenance et de soutien maritime.
Les caractéristiques du navire seraient les suivantes : 110 mètres de longueur, 20 mètres de largeur, 8 500 tonnes de déplacement, 60 personnels à bord avec possibilité d’accueil maximale à 110. Les patrouilleurs disposeront d’une plate-forme de décollage et d’un hangar pour accueillir un hélicoptère Ka‑27PS anti-sous-marin ou un Ka‑27PL dédié aux missions de S&R. L’hypothèse d’accueil d’un drone est également envisagée. Deux navires type Raptor (projet 03160) seront également embarqués. Les patrouilleurs seront armés d’un canon automatique AK‑176MA, des missiles Kalibr-NK antinavires, anti-sous-marins et missiles de croisière d’attaque de surface. La société Kronstadt Technology fournit le système de contrôle de ce projet qui s’inspire de celui du projet de corvette 22160. (source RU et source EN)
Si le projet 23550 demeure une pièce importante du futur dispositif de sécurité arctique russe, la Russie semble privilégier l’entrée en opération des brise-glace nucléaires afin d’assurer le maintien du trafic maritime dans la route maritime du Nord.
Vers la construction d’une base opérationnelle sur le littoral septentrional en Alaska
L’intérêt croissant porté par les États-Unis à la région arctique, à la suite de la nouvelle stratégie des garde-côtes américains (USCG) et de la mise à jour de la stratégie arctique du Department of Defence, se concrétise par la prise de conscience des manques capacitaires américains dans la région.
C’est notamment le cas en matière d’installations militaires portuaires sur le littoral septentrional. Le Congrès américain a appelé à la construction d’une nouvelle base militaire arctique avancée afin de faire face aux défis stratégiques posés par la Russie et la Chine. (Source EN)
Retour d’expérience des effectifs et capacités militaires de la Flotte du Nord déployée en Syrie
Les effectifs de la flotte du Nord envoyés en Syrie ont présenté leur retour d’expérience en matière de planification opérationnelle, de défense et d’opérations aériennes, de guerre électronique et de renseignement ainsi que dans des actions tactiques complexes comprenant forces terrestres, navires de surface et missiles côtiers.
Les matériels (notamment drones et véhicules blindés) ont pu être éprouvés. Les forces spéciales stationnant dans la péninsule de Kola et les capacités navales ont également été sollicitées, notamment les sous-marins, le groupe aéronaval autour de l’Admiral Kuznetsov et du croiseur Pyotr Veliky. (Source EN) Il est fort probable que le RETEX des drones tactiques pour la fonction « reconnaissance », des effecteurs de guerre électronique et des bâtiments navals soit de premier intérêt pour l’expérience et l’aguerrissement de la flotte du Nord.
L’armée russe développe un drone dont le carénage ressemble à la silhouette d’une chouette polaire. C’est un drone destiné à la reconnaissance et au ciblage. Il pèserait 5 kilogrammes et disposerait d’une autonomie de 40 minutes. (Source RU)
Un consortium finno-russe prend forme pour un projet de construction d’un câble sous-marin reliant l’Europe à l’Asie de l’Est à travers l’océan Arctique
Les groupes Cinia (finlandais) et MegaFon (russe) ont signé un Memorandum of Understanding pour poser un câble de fibre optique à travers l’océan Arctique.
La première étape pour les deux parties sera de créer une entreprise conjointe avant la fin de l’année, avant d’entamer l’étude du sous-sol marin, la demande des permis de construire pour les installations terrestres et l’infrastructure sous-marine, et la dépose du câble. Le coût total serait estimé à 700 millions d’euros même si l’ensemble des déterminants techniques n’ont pas tous été définis, notamment s’agissant de la longueur d’onde choisie (850, 1 300, 1 550 nanomètres). (Source EN)
Fabien Carlet (IRIS)