Actualité Industrielle[1]
Les exportations de gaz naturel russe s’étiolent
Alors que l’activité économique russe dans l’Arctique demeure très largement dominée par le secteur énergétique et l’exploitation des ressources gazières du pays, les exportations russes en matière de gaz naturel semblent souffrir de la crise du Covid‑19 et du ralentissement qu’elle impose au commerce et à l’économie internationale. Cette conjoncture peut inquiéter les autorités économiques et politiques russes à l’heure où de nombreux projets logistiques ont été annoncés dans le Nord et l’Est de la Russie : particulièrement coûteux, ces projets souffriraient d’un ralentissement de l’économie, signifiant pour la Russie une contraction des capacités nationales, à la fois publiques et privées, de financements de lourds projets infrastructurels dans le domaine de l’énergie. Source : Barents Observer
Actualité Capacitaire
Renforcement des activités de l’armée américaine dans la région de Barents
Dans un contexte de tensions entre l’OTAN et la Russie, les États-Unis ont récemment multiplié des manœuvres militaires inédites depuis les années 1980 dans la région de Barents. Ces initiatives semblent s’inscrire dans un nouveau paradigme sécuritaire et cette présence pourrait se pérenniser.
Le renforcement des manœuvres des armées russes observées depuis plusieurs années rappelle régulièrement le contexte sécuritaire dégradé dans lequel se trouve la région de Barents depuis 2014. Aussi, les États-Unis semblent opérer un virage stratégique important en multipliant les déploiements militaires dans la région ces dernières semaines.
Dans le cadre de l’OTAN, le 1er mai, un « surface action group » – composé de destroyers américains de la 6ème flotte de type Arleigh Burke Aegis (USS Porter, USS Roosevelt et USS Donald Cook) accompagnés par un sous-marin nucléaire, un navire de soutien (USNS Supply), un avion de patrouille maritime P-8A et un avion de ravitaillement RC-135 – a mené un exercice anti-sous-marin dans la mer de Norvège avec une frégate britannique (HMS Kent). Des unités navales qui ont ensuite mené un exercice de plusieurs jours en mer de Barents, une première depuis les années 1980. Rappelons que c’est en mer de Barents que la flotte du Nord russe opère pour se rendre sur la Route maritime du Nord, mais également vers le passage GIUK (Groenland, Islande, Royaume-Uni).
Pour Per Erik Solli, conseiller à l’université Nord à Bodø, « nous verrons la Marine étatsunienne naviguer plus régulièrement dans le nord, c’est la nouvelle norme » (The Barents Observer, 8 mai 2020). Ce nouveau développement s’explique par deux facteurs. Le premier, les États-Unis entendent rappeler les principes de liberté de navigation en mer de Barents, dont une grande partie est située dans les eaux internationales. Le second concerne le déploiement de nouveaux missiles de croisière russes dont le Kalibr. Ces derniers plus performants et d’une portée plus longue constituent un défi stratégique pour les forces de l’Alliance Atlantique dans la région. L’Amiral Foggo a annoncé qu’il y aurait à l’avenir davantage d’exercices et de déploiements américains de ce type dans la région arctique.
Le 20 mai, pour la première fois, des bombardiers stratégiques américains (B-1B Lancer) ont mené des exercices dans l’espace aérien suédois. Également déployé dans l’espace aérien norvégien, le commandement de la défense du pays a affirmé qu’il s’agissait de « l’un des plus importants exercices de ce type » dans la région (The Barents Observer, 20 mai 2020). La dimension symbolique de cet exercice est doublement importante : il constitue tout d’abord le premier transit d’un bombardier stratégique B-1 par l’espace aérien suédois, et ensuite et surtout car la Suède n’appartient pas à l’OTAN.
Pour rappel, en novembre 2019, des F‑16 norvégiens ont accompagné trois bombardiers américains B‑52 en mer de Barents. La Suède a activement participé à cet exercice en procédant au ravitaillement en carburant des chasseurs Jas 39 Gripen auprès de l’avion ravitailleur américain KC‑135 (Communiqué de presse des Forces armées suédoises). Cet exercice s’inscrit dans l’accord de 2014 entre la Suède et l’OTAN permettant aux forces alliées de mener des exercices conjoints dans le pays. Dans un tel contexte, la présence sur le territoire suédois d’un système d’armes américain d’une telle valeur stratégique – le Lancer peut être équipé d’armes nucléaires et participe à la dissuasion américaine – est un message évident adressé à la Russie. Sources : Arctic Today, Zone Militaire, Navy.mil, The Barents Observer, DOD, Naval News, Naval Today
Le Danemark va se doter d’une nouvelle stratégie pour l’Arctique
L’actuelle stratégie danoise pour l’Arctique datant de 2011, le Danemark entend publier une nouvelle stratégie à l’horizon 2021, après une réunion de juristes originaires du Danemark, du Groenland et des Îles Féroé. Les autorités politiques danoises entendent par ailleurs organiser des consultations publiques qui devraient assurer à cette future stratégie d’apparaître la plus légitime et populaire possible, alors que l’Arctique avait précédemment été cité comme l’une des cinq priorités du pays en matière de politique étrangère. Pour rappel, l’actuelle stratégie mentionnait dès 2011 plusieurs priorités pour les forces armées danoises : maintenir leurs capacités à manœuvrer dans l’environnement arctique, multiplier les exercices militaires impliquant l’Alliance Atlantique et ses membres, et assurer la souveraineté du Danemark sur le Groenland et les Îles Féroé. Sources : Arctic Today, Kingdom of Denmark Strategy for the Arctic – 2011 – 2020
Quelles constructions navales pour la marine militaire de Russie ?
Alors que le secteur de la construction navale russe avait énormément souffert de la perte de compétences et de main d’œuvre qualifiée consécutive à l’effondrement de l’URSS, l’admission au service actif d’unités modernes au sein de la marine militaire de Russie est aujourd’hui l’une des priorités de Moscou.
Cette remontée en puissance de la Voïenno-Morskoï Flot (VMF) sert plusieurs objectifs concomitants : elle doit d’une part donner à la Russie des moyens ambitieux, notamment en renforçant ses capacités offensives et défensives dans le domaine maritime, mais aussi permettre la remontée en puissance de l’industrie russe dédiée, les compétences et les technologies mobilisées dans le secteur naval trouvant des applications naturelles dans le domaine civil.
Le volontarisme affiché des autorités russes produit aujourd’hui des résultats mitigés : si la Russie se dote de nouveaux sous-marins d’une qualité certaine et maintient dans le domaine de l’aéronautique navale une compétence indéniable, son incapacité à mener à bien la rénovation du porte-avions Amiral Kouznetsov traduit encore les difficultés rencontrées par l’industrie navale russe dans le domaine des bâtiments de surface. Ainsi, et malgré la production maintenue des frégates de classe Amiral Gorchkov – le chantier naval Severnaïa Verf, localisé à Saint-Pétersbourg et membre de l’United Shipbuilding Corporation, vient de procéder au lancement d’une troisième unité, l’Amiral Golovko –, les autorités russes semblent considérer renoncer à la construction des destroyers « Super Gorchkov » et des croiseurs de classe Lider, deux projets ambitieux et visiblement difficiles à financer.
[1] Voir également la rubrique trafic maritime
IRIS, avec Florian Vidal (GEG) et le CEARC