Actualité Industrielle
La société d’État Rosneft entend étendre ses activités pétrolières dans le kraï de Krasnoïarsk
Rosneft ambitionne de créer un grand complexe pétrolier mondial dans l’Arctique, en péninsule de Taymyr.
La société d’État Rosneft prévoit de développer ses activités dans le kraï de Krasnoïarsk et semble considérer la possibilité de lancer un projet particulièrement ambitieux, susceptible de créer jusqu’à 100 000 nouveaux emplois, dans la péninsule de Taymyr, à proximité des mers de Kara et des Laptev. Le projet est basé sur le développement de plusieurs gisements de pétrole, dont au moins trois dans la région de Vankor.
Le développement de Vostok Oil nécessiterait la construction de 15 nouvelles villes industrielles, de deux aéroports, de 800 km de pipeline, et la pose de 3 500 km de nouvelles lignes électriques dédiées à l’alimentation électrique des territoires et emprises concernés. Le montant des investissements est évalué à plus de 144 milliards d’euros. Ces montants apparaissent particulièrement importants et Rosneft devrait pouvoir compter sur le soutien du pouvoir russe qui y contribuera de deux façons : d’une part en allouant des fonds publics au financement de ce projet, d’autre part en accordant des exonérations d’impôts à Rosneft. Fait plus surprenant, Igor Setchine, président du conseil d’administration de la compagnie, assure pouvoir compter sur des financements indiens et occidentaux.
Rosneft a l’intention d’exporter ces ressources pétrolières via un projet de port maritime dans la péninsule de Taymyr. Rosneft, entreprise d’État russe, promet d’entraîner une hausse annuelle de 2% du PIB national. Les nouveaux pipelines et le projet de terminal portuaire permettront aux partenaires d’exporter environ 25 millions de tonnes de pétrole par an via la route maritime du Nord. Le pipeline devrait également transporter du pétrole de Payakha, les champs situés le long de la rivière Yenisey. D’ici 2030, un total de 100 millions de tonnes de pétrole pourront être exportées par l’oléoduc et le nouveau port maritime de Taymyr. Une flotte de pétroliers de classe glace Arc7 devrait être construite pour le projet. Des sociétés indiennes participeraient au projet Vostok. Source (Barents Observer).
Actualité Capacitaire
La marine de Russie s’exerce en mer de Norvège
La Marine russe s’est exercée au large des côtes norvégiennes le 6 février 2020, en mobilisant pour l’occasion deux bâtiments de types différents, le navire de débarquement Kondopoga de classe Ropocha (4 500 tonnes) et le destroyer Vice-amiral Koulakov de classe Oudaloï (8 600 tonnes), présenté comme la « colonne vertébrale » de la flotte de surface russe par le site d’analyse Jane’s. Selon les autorités norvégiennes, cet exercice russe doit être considéré comme une réaction à la tenue du 2 au 18 mars, sur le territoire de la Norvège, de l’exercice de l’OTAN « Cold Response » réunissant des éléments militaires néerlandais, allemands, français, belges, danois, finlandais, suédois et norvégiens (source EN).
L’espace retenu par la Marine russe pour cet exercice est situé à proximité du champ gazier d’Aasta Hansteen, connecté au réseau de pipelines alimentant les marchés européens en gaz naturel. Les forces navales russes y ont procédé à des tirs d’artillerie navale et de missiles, censés démontrer les capacités de la Marine russe et de ses équipages (source EN), avant de poursuivre leur route vers la mer de Barents pour participer à des exercices supplémentaires, cette fois-ci en compagnie du croiseur Maréchal Ustinov de class Slava (11 700 tonnes). Ces exercices renvoient aux fondamentaux de la diplomatie navale et illustrent la capacité de la Marine russe à agir en dehors de ses seules approches maritimes (source EN).
Les garde-côtes russes (FSB) disposeront sous peu de nouveaux navires
de patrouille de classe Glace
Un navire de classe Glace, sister ship des patrouilleurs de la Marine russe, pourrait être construit par le chantier naval de Vyborg pour une mise en service fin 2024.
Le Service des garde-frontières russes, un service relevant du FSB, renforce sa présence dans les eaux de l’Arctique avec la construction d’un premier navire de patrouille de classe Glace du projet 23550. Les deux premiers de la série ont été mis en chantier pour la Marine russe, l’Ivan Papanin ayant été lancé en avril 2017 et le second, le Nikolay Zubov, en novembre 2019. Les deux navires sont construits par l’Admiralty Yard à Saint-Pétersbourg et devraient être prêts à être mis en service respectivement fin 2023 et fin 2024. Le troisième navire est cependant susceptible d’être construit par le chantier naval voisin de Vyborg. Un contrat de construction sera signé en mars prochain et coûtera 18 milliards de roubles (255 millions d’euros), ceci dans un souci d’apporter une commande à un chantier naval en difficulté. Le navire de classe Glace Arc7 (PC3) pourra progresser dans de la glace jusqu’à 1,7 mètre d’épaisseur.
Cela portera donc à cinq le nombre d’unités de patrouilleur opérées par la Russie (deux pour la Marine russe, les patrouilleurs Ivan Papanin et Nikolay Zubov, et trois pour le FSB). Ces bâtiments de près de 8 000 tonnes sont solidement armés, puisqu’équipés de systèmes Club‑K capables de procéder à des tirs de missiles antinavires et de missiles de croisière de type 3M‑54 Kalibr et KH‑35 Kayak. Un hangar et une plate-forme permettront d’embarquer un hélicoptère anti-sous-marin Ka‑27. Ces patrouilleurs devront contribuer à l’essor des capacités militaires russes dans l’Arctique en assurant des missions variées, du remorquage de navires en difficulté à l’engagement de cibles adverses, en passant par l’escorte de bâtiments. Sources : BarentsObserver ; Kommersant ; Rosoboronexport ; Red Samovar.
En 2019, aucun sous-marin canadien n’a pris la mer
Interrogé dans le cadre parlementaire sur le taux d’activité de ses quatre sous-marins d’attaque de classe Victoria, le ministère de la Défense nationale canadien a récemment reconnu qu’aucun n’a pris la mer pour l’ensemble de l’année 2019 (source EN).
Paralysées par des problèmes de maintenance, ces unités de 2 500 tonnes lancées entre 1986 et 1991 se voient pourtant traditionnellement confier des missions importantes : dans le Pacifique, en 2017 et 2018, le Chicoutimi participait ainsi à la surveillance de la Corée du Nord ; sur la même période, le Windsor participait pour sa part aux opérations de l’OTAN dans l’Atlantique pour renforcer la posture de l’Alliance atlantique face à la Marine russe. Ces sous-marins sont vieillissants et doivent être remplacés, l’opposition conservatrice appelant à la mobilisation rapide de crédits appropriés à une opération particulièrement coûteuse (Nato Association).
Si le ministère de la Défense nationale a d’ores et déjà annoncé le retour à la mer dans les mois à venir de trois des quatre sous-marins de classe Victoria, cette indisponibilité conséquente interroge sur la capacité des puissances occidentales à opposer un front cohérent et dissuasif à l’activité militaire russe en Arctique et dans l’Atlantique nord. Plus tôt en février, le vice-amiral Andrew Lewis avait tenu des propos alarmants sur le sujet, en affirmant que la côte est des États-Unis ne devait plus être considérée comme « sûre » (source EN) : les sous-marins russes sont de plus en plus actifs en Atlantique Nord, où ils rencontrent une opposition réelle mais limitée.
La Russie poursuit le renforcement de ses dispositifs anti-aériens et antimissiles en Arctique
Les forces armées russes cherchent à édifier dans le Grand Nord des « bastions » dédiés à la protection des bases et des infrastructures militaires les plus importantes dont elles disposent au sein des extrémités septentrionales des arrondissements fédéraux du nord-ouest, de l’Oural, de Sibérie et en Extrême-Orient (source EN). Ces efforts, qui participent de la mise en place par la Russie de dispositifs de déni d’accès, reposent sur deux piliers fondamentaux : la capacité des armées russes à identifier d’éventuelles menaces s’acheminant vers le territoire dont elles doivent assurer la sécurité, et la neutralisation de ces menaces, qu’il s’agisse d’unités militaires ou au contraire d’armements (source EN).
La construction par la Russie de deux radars de type Rezonans-NE en péninsule de Kola, après l’érection de systèmes similaires en Nouvelle-Zemble et dans l’oblast d’Arkhangelsk, vient compléter le réseau de systèmes de détection tissé par Moscou dans l’Arctique russe (source EN). Elle renforcera la défense des unités navales russes basées à Gadjievo, Olenya Guba et Mourmansk, en particulier contre les missiles hypersoniques dont cherchent à se doter de nombreux pays (source FR) ; la Russie envisageant le déploiement de cinq systèmes supplémentaires dans l’Arctique russe, entre la Nouvelle-Zemble et le détroit de Béring.
Dans un contexte sécuritaire incertain,
la Norvège poursuit le développement de ses capacités militaires
La Norvège dispose depuis le début de l’année 2020 d’une nouvelle unité aéronavale : équipée d’hélicoptères NH90, le 139e escadron dépend de la base aérienne de Bardufoss dans le comté de Troms og Finnmark et devra être capable d’opérer depuis les frégates armées par la Sjøforsvaret, la Marine royale norvégienne, en sus des bâtiments des garde-côtes (source EN).
Particulièrement active en Atlantique Nord, la Marine norvégienne est fréquemment confrontée aux sous-marins russes opérant depuis la base de Gadjievo et d’Olenya Guba, dans l’oblast de Mourmansk. L’intérêt de se doter de NH90 dédiés au renforcement des frégates norvégiennes est dès lors évident, ce modèle étant considéré comme l’un des meilleurs hélicoptères de lutte anti-sous-marine (ASM) disponibles à l’heure actuelle (source EN). Il est à ce titre utilisé par les Marines italienne, française, néerlandaise et belge, en sus des forces armées norvégiennes, et devrait permettre à ces dernières de s’opposer plus efficacement aux activités des sous-marins russes dans l’océan Atlantique, en mer du Nord et en mer de Norvège, mais aussi dans l’Arctique et en mer de Barents.
IRIS, avec Hervé Baudu (ENSM)